Adolphe CONRATH

  
  

 » les photos CONRATH… « 

Lorsque l’on s’intéresse au sport automobile des années 70′ (et plus largement de 1950 à 90′), il est impossible de passer à côté des archives photos exceptionnelles d’Adolphe CONRATH. Il me semblait incontournable de lui rendre hommage par cette page.

De 1954 à 1995, Adolphe Conrath a suivi près de 2000 épreuves (rallyes, circuits, courses de côte, slaloms, etc.) et sa production totale est estimée entre 1, 5 million et 2 millions de clichés ! Surtout, Adolphe Conrath mettait un point d’honneur à photographier tous les concurrents d’une course, du premier au dernier, ce qui lui permettait de mettre ensuite à la disposition de chaque compétiteur un album-photos personnalisé.
C’est en cela que les archives du photographe lorrain, disparu en 1996, ont une valeur inestimable.

Le groupe de presse Michel Hommell est désormais propriétaire de ces archives et nous propose d’y avoir accès notamment sous la forme de numéro hors série du magazine Echappement. Concoctés par Christian Courtel, un « ancien » d’Echappement, ces albums retracent les évènements telle qu’Adolphe Conrath, l’un des premiers collaborateurs de ce magazine, les a suivis, que ce soit en circuit, en rallye, en courses de côte et en slalom. Le tout appuyé par les témoignages de héros de cette époque…

Course de côte de Turckheim - Echappement - Adolphe CONRATH

Course de côte de Turckheim – Echappement – Adolphe CONRATH

68 Une saison de sport automobile en France - Echappement - Adolphe CONRATH

68 Une saison de sport automobile en France – Echappement – Adolphe CONRATH

Tour de France Automobile - Echappement - Adolphe CONRATH

Tour de France Automobile – Echappement – Adolphe CONRATH

Critérium des Cévennes - Echappement - Adolphe CONRATH

Critérium des Cévennes – Echappement – Adolphe CONRATH

montlhery

Les Beaux Dimanches de Montlhéry – Echappement – Adolphe CONRATH

Adolphe Conrath

Un homme était omniprésent dans les courses du milieu des années 60 jusqu’aux années 80. Adolphe était capable d’être présent sur un rallye le samedi, de faire en plus des photos dans la nuit, puis d’être à Montlhéry ou à une course de côte le dimanche.
L’horloger de Nancy faisait des photos de tout de monde lors des contrôles, puis des épreuves spéciales ou lors des courses en piste, ensuite il vendait ses photos à chacun des concurrents. Tout le monde connaissait Adolphe et Adolphe connaissait tout le monde. Il acceptait de bonne grâce les plaisanteries que son inlassable patience, son omniprésence et son comportement toujours affairé ne manquaient jamais de susciter.
Adolphe était un connaisseur qui savait rapidement se faire une opinion sur le pilotage de ceux qu’il photographiait. Jeune journaliste, il m’est arrivé plus d’une fois de lui demander son avis sur tel ou tel pilote. Je ne l’ai jamais entendu émettre un jugement méchant, mais il n’hésitait pas à faire part de son admiration quand quelqu’un l’avait impressionné. Son coup d’œil valait sans problème un chronomètre.
Une autre caractéristique de Conrath était qu’il n’hésitait pas à se placer dans des endroits rapides, où il était plus difficile de faire des photos, ou à des emplacements parfois dangereux. En cela les photos Conrath sont souvent très faciles à distinguer de celles de ses concurrents comme le niçois Sejnost « photo junior » ou le manceau « photo actualité ».
Lors d’un « Andernacht-Nurburgring-St Amant » que je courrais avec Roger Barbara nous disputions la course de côte de Spa-Barisart dans un brouillard se déplaçant par nappe. J’annonce à Roger « 100 mètres, large épingle à G … » Roger tarde, à mon goût, à freiner, je répète « Epingle Gauche ». Trop tard, le virage est là. Le freinage du proto TR5 n’est pas son point fort. Roger s’arqueboute sur la pédale, mais il n’a pas d’autre choix que d’enfiler le minuscule échappatoire. Horreur ! Adolphe est là ! Droit devant. Son flash claque et il se jette sur le coté. Sa lourde sacoche de photographe est, elle, restée sur la route. Boum … boum, on roule dessus. Roger met la marche arrière dans un grand craquement et boum … boum on repasse sur la sacoche. Doit y avoir des dégâts là dedans ! Adolphe s’est relevé et nous encourage à repartir.
Une douzaine d’heures plus tard, nous sommes tous en train de déjeuner au SportHotel, sur le Nurburgring, lorsque Adolphe arrive. Roger va vers lui, un peu embêté. « je suis désolé pour ton matériel … » Adolphe l’arrête d’un geste : « pas de problème … pour le matériel je suis assuré … mais pas pour le cuir … c’est bien si on peu s’arranger pour la sacoche ? » Tout à fait Adolphe, seigneur qui ne profite pas d’une situation, mais garde les pieds solidement ancrés sur terre.

Témoignage Michel Delannoy   Editions du Palmier